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Libération

Misère ordinaire d'après-guerre à Grozny.

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Sans eau ni électricité, les Tchétchènes survivent grâce à l'entraide.
publié le 22 mars 2001 à 0h09

Grozny envoyée spéciale

«Ici, on ne peut tout simplement pas travailler. D'abord, l'administration de la République n'a pas d'argent, et en plus, il n'y a pas un "spécialiste" dans le gouvernement de Kadyrov (1)», se lamente Ali. Chef des services communaux de 452 habitations de la capitale (soit 3 372 appartements dont seulement 20 % sont actuellement occupés), Ali est censé percevoir un salaire mensuel de 4 500 roubles (180 eu ros), mais ces onze derniers mois, la nouvelle administration prorusse, ne lui a versé en tout et pour tout que 1 500 roubles (60 euros). Pourtant, il se rend chaque jour «au travail» dans un bureau poussiéreux, sans électricité, sans chauffage ni machine à écrire. «Je ne sers que de déversoir à plaintes, note-t-il. La plupart des habitants des quatre quartiers sous ma direction exigent tous la même chose: des vitres ou des morceaux de plastique pour se protéger du froid. Je ne peux leur fournir ni l'un ni l'autre. D'autre part, il nous est impossible de nettoyer les canalisations, alors la ville s'est muée en un immense dépotoir!»

Miniraffinerie. Aux alentours du bazar central, des dizaines de chiens et de chats errants se bousculent dans les ruines à la recherche de nourriture. Les deux moyens de survie «légaux» les plus rentables restent le petit commerce et les minibus privés qui servent de navette entre la capitale et le reste de la république, y compris les zones montagneuses du sud. Sur les étals crasseux, de la tcheremcha (herbe de montagne ric