Abidjan de notre correspondante
A un jet de pierre de l'aéroport d'Abidjan, les baraques dissimulées sous les arbres ne sont éclairées que par deux ampoules nues et quelques étoiles. Sur la place du «village», les habitants se bousculent, les enfants scandent: «On veut chanzement!» Dans une impeccable tenue blanche, baskets aux pieds, Henriette Diabaté, numéro 2 du parti de l'opposant Alassane Ouattara, mène campagne pour les élections municipales de ce dimanche. On l'apostrophe: «Tantie», «ma chérie», «vieille mère». L'élégante historienne à la retraite répond en dialecte aux femmes qui réclament des moyens de transport pour aller acheter leurs marchandises à l'autre bout de la capitale. Un villageois questionne: «Si vous êtes élue, qu'est-ce que vous allez faire pour nous qui sommes un peu en brousse là?» La réponse tombe sous forme de projets de développement. La candidate a promis de faire de ce quartier populaire, où 70 % des habitants vivent dans des logements précaires, un «petit Paris», et d'obtenir la confiance des bailleurs de fonds grâce à ses relations d'ancienne ministre de la Culture. A chaque discours, les mots «Banque mondiale» et «Fonds monétaire international» mettent les militants en pâmoison.
Implantation. Car pour emporter un maximum de mairies, le Rassemblement des républicains (RDR) mise plus que jamais sur l'aura et le carnet d'adresses de son leader, un ancien dirigeant du FMI. De France, où il vit depuis novembre, Ouattara a fait miroiter son aide fin