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Libération

Une presse en état de siège.

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Les médias font l'objet d'une mainmise du pouvoir peu combattue par la classe politique et l'opinion.
publié le 26 mars 2001 à 0h11

Moscou de notre correspondante

S'il est une chose que Vladimir Poutine a retenue de son passage au KGB et de son éducation dans les rangs d'un parti unique, c'est la maîtrise du double discours. Ainsi, il confie sans ciller aux responsables des journaux que leurs critiques ont un effet bénéfique, car elles permettent de corriger l'action du gouvernement. Ou il affirme aux journalistes de la chaîne NTV, reçus en délégation, qu'il adore son effigie dans les Koukli (la réplique russe des Guignols).

Airs patelins. Si ce n'était cette menace d'utiliser «le gourdin contre les ennemis de l'Etat», on pourrait le prendre pour un libéral. Mais sa pratique dément ses airs patelins. Les poursuites lancées contre NTV ­ l'unique télé privée avec une audience nationale ­, sous couvert d'un combat contre la fraude, se sont transformées en persécution, dont le but est d'en prendre le contrôle. Les pouvoirs publics ont réussi à faire main basse sur la chaîne semi-publique ORT. Entré en conflit avec Poutine, dont il avait fait la campagne, le richissime Boris Berezovski a dû céder ses parts dans ORT au groupe pétrolier Sibneft, proche du pouvoir.

L'automne dernier, le Conseil de sécurité, organe consultatif réuni autour du Président, avait annoncé la couleur en publiant une «Doctrine de la sécurité de l'information» mettant l'accent sur le «renforcement des médias d'Etat». Plus tôt, les services de sécurité avaient mis en place un système, baptisé «Sorm», leur permettant de contrôler l'Internet.