Santiago de notre correspondant
Une minitornade semble s'être abattue sur le numéro 1367 de la rue José Domingo Canas à Santiago. Derrière un grillage en lambeaux, la bâtisse est comme décapitée. Sa toiture a disparu. Seules quelques poutres de la charpente ont résisté. L'intervention de la justice chilienne a permis d'éviter la démolition complète du bâtiment l'an dernier, le juge Guzman ordonnant la suspension des travaux. Son enquête sur la disparition, en 1974, du gérant d'une entreprise publique, David Silberman, l'a mené dans cette maison, appelée la caserne Ollague, qui servit de centre de torture à la police politique (Dina) de Pinochet. Pour garder la mémoire de la dictature, un collectif se bat aujourd'hui pour en faire un mémorial contre la torture.
Amanda de Negri, qui se souvient avoir vu David Silberman dans ce bâtiment voilà plus de vingt-cinq ans, a accompagné le juge Guzman lors de l'une de ses visites. «L'intérieur est resté le même», dit-elle. Elle a revu la pièce qu'elle partageait avec une quarantaine de détenus, le placard dans lequel une quinzaine d'autres étaient entassés et la tant redoutée «salle d'opération».
L'horreur. Amanda, 29 ans, était déjà avocate. C'est là qu'elle a été torturée à plusieurs reprises, allongée sur un sommier en fer et soumise à des décharges électriques. Certaines amitiés et positions politiques de gauche lui ont valu de vivre l'horreur. Après plusieurs mois dans un camp de prisonniers de la capitale, elle fut contrainte à l'ex