La voix mal assurée, les mains fébriles, Eckard Gross est un policier qui ne cache pas qu'il a peur. «Penser qu'on pourra faire passer les Castor sans violence, c'est utopique, frémit-il. J'ai peur qu'il y ait des blessés, des deux côtés, et chaque blessé est une catastrophe». Comme pour les transports précédents, Eckard Gross devra être ces jours-ci du côté des forces de l'ordre, chargé de coordonner policiers locaux et bataillons venus en renfort de toute l'Allemagne. De coeur, il serait pourtant plutôt du côté des manifestants, avec ses deux fils. «A la maison, soupire-t-il, ma femme reste et attend lequel de nous trois rentrera blessé le premier.» D'abord policier à Hambourg pendant dix ans, Eckard Gross avait demandé sa mutation à Lüchow en 1977 car il n'en pouvait plus des manifestations souvent violentes dans la grande ville du Nord. Trois semaines tout juste après son arrivée, Gorleben était désigné comme centre de stockage: «Pour moi, c'est un monde qui s'effondrait, dit-il. Si j'ai voulu être policier, c'est pour aider les gens, pas pour taper sur les manifestants. Vous n'imaginez pas dans quel stress cela nous met, mes collègues et moi!» Quand son service le permettait, Eckard Gross a souvent manifesté du côté des antinucléaires. Avec le temps, il avoue pourtant se résigner. «Puisque, manifestement, on ne peut pas stopper les Castor, je préférerais qu'ils soient mieux acceptés par la population. Je sais que c'est schizophrène. Mais c'est ainsi, cela me déchire. Le
Portrait
Eckard Gross, commissaire de police
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publié le 27 mars 2001 à 0h12
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