Skopje envoyé spécial
Ante Popovski, 70 ans, est l'un des plus grands écrivains macédoniens (1). Bien que traducteur d'auteurs albanais comme Ismaïl Kadaré, ce poète n'en exprime pas moins un fort sentiment nationaliste macédonien.
Que pensez-vous du conflit actuel?
Je hais génétiquement la guerre, parce que ce sont les guerres qui ont divisé le corps vivant de la Macédoine, l'une des plus anciennes nations d'Europe. Chez nous, la nation est vieille, mais l'Etat est jeune. En 1913, juste après le départ des Turcs, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce se sont fait la guerre pour se partager le territoire macédonien. Le pays ne s'est reconstitué qu'en 1944, mais seulement sur la partie serbe. C'est la Macédoine indépendante d'aujourd'hui.
Les Albanais sont citoyens de cet Etat, mais font-ils partie de la nation macédonienne?
Dans les Balkans, l'appartenance ethnique a une plus grande importance qu'en Europe occidentale. Je regrette l'absence d'un patriotisme d'Etat qui prendrait le pas sur le chauvinisme.
L'albanais ne pourrait-il pas devenir langue officielle, au côté du macédonien qui appartient à la famille slave?
Personnellement, cela ne me gêne pas d'en discuter. Vous savez, j'ai traduit des écrivains albanais comme Ismaïl Kadaré ou Driterö Agoli, j'ai préfacé leurs livres. Dans deux semaines, je publie ici une anthologie de la poésie albanaise. Si je l'ai fait, c'est parce que j'estime qu'il est important que le public macédonien connaisse ces gens de grand talent. Mais attention