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Libération

Mystère autour d'un cadavre sans tête

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La mère de Gueorgui Gongadzé, journaliste critique assassiné, se bat pour connaître la vérité sur sa mort.
publié le 27 mars 2001 à 0h12

Kiev envoyée spéciale

Le corps sans tête du journaliste ukrainien Gueorgui Gongadzé gît toujours sans sépulture, six mois après sa disparition, dans une morgue de Kiev. Pour le président Leonid Koutchma, mis en cause dans le scandale, il n'est plus qu'un cadavre accusateur. Pour l'opposition, qui réclame la démission du chef de l'Etat, il est un étendard, une preuve du caractère inique du régime. Seule face à une administration hostile, sa famille poursuit son combat pour connaître la vérité.

Depuis des mois, Lessia Gongadzé, sa mère, fait la navette entre son domicile de Lvov (Lviv), la plus grande ville de l'Ouest, et Kiev, la capitale, où elle harcèle les pouvoirs publics, qui refusent de répondre à ses questions. Pour cela, cette veuve qui a perdu son fils unique a dû provisoirement abandonner son travail de médecin. «Le parquet me dit: "C'est lui, prenez-le et enterrez-le." Je ne le ferai pas tant que je ne connaîtrai pas la date et la cause de sa mort. C'est sans doute inhumain, peut-être pas chrétien, mais je le dois à sa mémoire», dit cette grande femme volontaire.

Zones d'ombre. Les doutes sur l'identité du cadavre, dont la tête n'a pas été retrouvée, sont loin d'être dissipés. Une récente expertise allemande comparant les tissus prélevés sur le corps et un échantillon du sang de la mère a donné un résultat négatif. Le procureur général d'Ukraine a aussitôt fait savoir que ces derniers tests n'auraient pas valeur de preuve. L'avocat de la famille est revenu à la charge