Gorleben envoyée spéciale

«Vous êtes des brutes!» «On ne fait que notre travail, il faut bien assurer la sécurité des transports nucléaires.» «Il faut que vous soyez à plus de 15 000 pour faire passer un transport dont la population ne veut pas.» «La démocratie, ça a aussi ses inconvénients. Nous serions mieux à nous occuper des problèmes de drogue et de criminalité dans nos villes.» «A la première occasion, vous sortez vos matraques et vos canons à eau! Et après, vous dites que vous voulez communiquer!»

Toute la journée hier, sur le chemin des six Castors de déchets nucléaires rapatriés de l'usine française de retraitement de La Hague vers l'Allemagne, manifestants et policiers se sont ainsi affrontés, par le verbe surtout, mais aussi physiquement parfois. Un manifestant a même réussi à monter quelques instants sur le convoi roulant au ralenti. La police, rodée par les trois premières livraisons de déchets radioactifs au centre de stockage de Gorleben (nord de l'Allemagne) en 1995, 1996 et 1997, a appliqué un savant alliage de prévention, fermeté et désescalade. Cent trente «médiateurs de conflits», tous spécialement formés, étaient là pour chercher le dialogue avec les manifestants. Parallèlement, les quelque 15 000 policiers déployés autour de Gorleben ont dispersé tous les rassemblements à moins de 50 mètres du trajet du convoi et multiplié les arrestations. Les six Castors contenant chacun quelque 12 tonnes de déchets radioactifs vitrifiés, devaient arriver hier dans la n