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Libération

Cumbria, cimetière pour un demi-million d'ovins .

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Londres demande à Bruxelles l'autorisation de procéder à des vaccinations ciblées. Sur place, les abattages de masse continuent.
publié le 28 mars 2001 à 0h13

Comté de Cumbria envoyé spécial

Le camion, scellé comme un coffre-fort, s'engage sur un tapis de paille. Sans échanger un mot avec le chauffeur, des hommes en blanc, le visage protégé par un masque, désinfectent à grande eau ses roues et ses essieux. Au-delà des grillages, des bulldozers fouillent une terre boueuse. Des policiers et une Jeep de l'armée surveillent les abords du champ. Seules les caméras de télévision, montées sur des grues, parviennent à saisir le moment où le véhicule décharge ses cadavres dans la tranchée qui vient à peine d'être creusée.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, c'était un terrain d'aviation de la Royal Air Force. D'immenses éoliennes se dressent au-dessus de la piste retournée depuis longtemps à la végétation. Depuis lundi, l'ancienne base militaire abrite le plus grand charnier du royaume. Dans des trous de 150 m de long, 15 m de large et de 4 m de profondeur, le ministère de l'Agriculture prévoit d'ensevelir un demi-million d'animaux. Bientôt, des troupeaux entiers convergeront vers ce mausolée élevé aux victimes de la fièvre aphteuse. Pour gagner du temps, les bêtes seront abattues au bord du précipice.

Scepticisme. Au village voisin de Great Orton, un éleveur répand de la paille imbibée de désinfectant à l'entrée de sa ferme: «La maladie n'est pas encore arrivée jusqu'ici. Mais avec toutes ces carcasses, ça ne va pas durer.» Au pub Wellington, la tenancière Liz Currie, craint que les corps en décomposition polluent la nappe phréatique, malgr