Kaliningrad envoyé spécial
A quelle heure vit Kaliningrad? A celle de l'Europe occidentale comme la Pologne et la Lituanie, pays limitrophes de cette enclave russe au bord de la Baltique? A celle de Moscou, à deux frontières (Lituanie et Biélorussie) et 1200 km de là? Non, Kaliningrad vit à son heure, «pas comme les autres». Il est 11 heures à Kaliningrad, ex-Königsberg, quand il est 12 heures dans la capitale russe et 10 heures à Vilnius ou Varsovie.
Alors que l'élargissement de l'Europe à l'Est s'apprête à isoler cette enclave russe un peu plus étendue que l'Ile-de-France (15 000 km2) mais simple poussière sur la carte de la vaste Russie, qu'est-ce donc que Kaliningrad? Un furoncle post-soviétique? Une anomalie européenne? Un oeil de Moscou? Une zone plus ou moins franche de tous les possibles? Un hypothétique «Hong-kong de la Baltique», comme le murmure Evgueni Egorov, le nouveau gouverneur adoubé par Poutine, lorsqu'il rencontre à la mi-février Chris Patten, ex-gouverneur de la concession britannique devenu commissaire européen aux Relations extérieures? Kaliningrad est d'abord pour l'Occident un haut lieu de fantasmes, de rumeurs et de peurs.
Récemment, le Washington Times a semé la panique dans des chancelleries occidentales en clamant que les Russes venaient d'y entreposer des têtes d'ogives nucléaires. «Pure invention», a rétorqué le Kremlin. Où est l'info, où est l'intox? Il y a longtemps que les Russes entreposent des armes chimiques et autres joyeusetés (sous-marins