Ramallah envoyée spéciale
Massés à l'ombre d'un eucalyptus, ils ont l'air d'attendre sagement le bus. Deux à trois cents étudiants de l'université palestinienne de Bir Zeit. D'un côté, les garçons; de l'autre, les filles, voilées ou moulées dans un jean. Vers midi, alors que Yasser Arafat atterrit à quelques mètres de là, en provenance d'Amman, les jeunes gens déploient les premières banderoles, le convoi s'ébranle en direction de la mosquée, au centre de Ramallah.
«Effacé». Calmes, déterminés, ils ne défilent pas pour protester contre les bombardements israéliens de la veille sur leur ville mais pour honorer la mémoire du kamikaze qui, lundi, a fait sauter la ceinture de dynamite qu'il portait autour de la taille près d'un bus à Jérusalem. Le jeune homme, qui militait au Hamas, étudiait à Bir Zeit, il était un des leurs. «Il était très religieux mais calme, effacé, on n'aurait jamais imaginé qu'il fasse une chose pareille», raconte un de ses amis, une pointe d'admiration dans le regard.
«Nous continuerons l'Intifada quoi qu'il arrive!», clament les garçons, poings levés, en tête de la manifestation. Derrière, les filles se tiennent par les bras. Elles soutiennent donc l'envoi de kamikazes en Israël et les attentats contre des civils? Une adolescente, tee-shirt et cheveux courts, hausse les sourcils, étonnée: «Les Israéliens ont tué près de 400 des nôtres, nos frères, nos pères, nos mères, il faut bien que l'on fasse quelque chose!» Seraient-elles prêtes à commettre aussi des a