Martigny envoyé spécial
Spaghettis et tagliatelles à «l'arôme savoureux» de chanvre, «Swiss cannabis pastilles» ou «l'indispensable bonbon qui adoucit la gorge», «cannabis-drink» «parfum haschisch»... Bernard Rappaz ne vit que par et pour cette plante «injustement maudite». OEnologue de formation, il fait visiter fièrement son entrepôt, près de Martigny, tapissé d'immenses drapeaux suisses re couverts d'une feuille de chanvre. Il montre ses différentes coupes remportées aux championnats annuels de cannabis à Berne (la Canna-Swiss coupe) pour la mise au point de trois nouvelles variétés de semences: l'Alp King, «un croisement entre les variétés afghane et skunk», la Walliser Queen (la reine du Valais) et la Red Valais.
Trente ans après son premier voyage initiatique à Amsterdam, Bernard Rappaz a longtemps flirté avec l'illégalité. Depuis 1971, il a été de tous les combats pour la légalisation du chanvre, tentant d'exploiter les lacunes de la loi qui autorisait la production à des fins industrielles mais interdisait l'usage sous forme de stupéfiant. Il a, lui aussi, produit ces fameux coussins en chanvre, jusqu'à ce que la police s'avise que les fumeurs de joints yÊpuisaient de quoi faire de doux rêves. Coûteuse expérience: quarante-deux jours de prison. Mais depuis 1996, «les autorités lui foutent une paix royale». Au point que lorsque des «jeunes ou des Français viennent lui chouraver des plantes de cannabis», c'est lui qui appelle la police qui arrive «sirènes hurlantes». Il