Ce n'est pas facile d'être un juge anticorruption en Roumanie, surtout quand on a enquêté sur l'ex-communiste Ion Iliescu, redevenu Président en novembre, après quatre ans d'opposition. Destitué il y a trois semaines pour ce qu'il considère être des «raisons politiques», Ovidiu Budusan, chef procureur de la section anticorruption du parquet de Bucarest, se terre, affirmant craindre l'arrestation ou même pour sa vie, après avoir reçu des menaces. Il a envoyé une demande d'asile le 28 mars à la France, «pour assurer [sa] protection et celle de [sa] famille». L'ambassade ne souhaite pas faire de commentaire.
Un de ses adjoints, le magistrat Duru Dobocan, a été interrogé longuement le week-end dernier, puis laissé en liberté. Il est accusé d'avoir communiqué, «sans respecter les procédures légales», des documents au ministère français de la Justice. Il s'agissait des pièces recueillies, dans le cadre d'une commission rogatoire, par le juge Henri Pons, de la section financière du tribunal de grande instance de Paris, venu enquêter au printemps 2000 sur une grosse affaire de blanchiment entre Paris et Bucarest. Les enquêteurs français avaient aussi interrogé en tant que témoin Ion Iliescu, leader du PDSR (Parti de la démocratie sociale de Roumanie, ex-communiste), alors dans l'opposition. L'actuel Président et certains de ses plus proches collaborateurs sont directement impliqués dans plusieurs affaires de détournement de fonds publics, où apparaît Adrian Costea, businessman rouman