Linz envoyé spécial
L'Autriche, pays miné par un passé mal digéré, est aussi capable d'inventer des techniques de déminage tout à fait intéressantes. Pour preuve, cette expérience de «réinsertion idéologique» menée actuellement à l'université de Linz (centre du pays) auprès de quelques dizaines de jeunes néonazis de la région. En échange de l'arrêt de la procédure pénale les visant, ces skinheads se sont engagés à suivre une série de séminaires intitulés «Histoire et démocratie», dispensés par d'éminents professeurs d'université.
Il s'agit très exactement de quatre soirées, réparties sur un mois, chaque «prévenu» étant parrainé par un «vrai» étudiant. Alors que le premier groupe pilote de dix néonazis vient d'achever son cycle (les autres, eux aussi par groupe de dix, vont se rendre à l'université dans les mois qui viennent), la responsable du projet, Irene Dyk, professeur de politique sociale, considère dès à présent que l'«expérience se révèle extraordinairement positive».
Parrainage. L'idée d'utiliser les lumières du savoir pour combattre les ténèbres de l'idéologie néonazie n'est pas complètement nouvelle. Elle a déjà été mise en pratique il y a trois ans à Innsbruck, dans le Tyrol autrichien. Chaque professeur avait alors passé quelques heures avec l'un de ces délinquants d'extrême droite, tâchant de le convaincre en opposant la vérité de la science à ses délires négationnistes et racistes. Avec un succès mitigé, puisque le taux de récidive s'était élevé à 33 %.
«Le point d