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Libération

La révolte des Montagnards au Viêt-nam.

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Réclamant leurs terres et la liberté religieuse, 4000 membres d¹ethnies des hauts plateaux ont saccagé Pleiku, début février. Reconstitution de cette émeute cachée par Hanoi.
publié le 11 avril 2001 à 0h27

Province de Ratanakiri (Cambodge) envoyé spécial

La police armée vietnamienne a étouffé début février une révolte de minorités ethniques vivant sur les hauts plateaux du centre du Viêt-nam. Depuis, cette région, habituellement fréquentée par les touristes, est pratiquement fermée. Seul un petit groupe de journalistes étroitement contrôlé par les officiels vietnamiens s'est rendu sur place, début mars, mais n'a pas été autorisé à interroger des manifestants. Des témoignages recueillis dans la province de Ratanakiri, dans le nord-est du Cambodge, en face de la ville de Pleiku, épicentre de la révolte, ont toutefois permis à Libération de reconstituer les étapes de ce mouvement.

La révolte commence sans bruit, le 1er février, alors que le soir tombe sur Pleiku, paisible chef-lieu de la province de Gia Lai. A 21 heures 45, d'étranges hordes glissent furtivement le long des rues de terre rouge.ÊTrinh Thi Kim jette un oeil au travers des rideaux de sa maison en bordure du vaste square qui occupe le centre-ville. Elle est pétrifiée par ce qu'elle voit: des centaines de Montagnards (lire encadré) armés de pieux, de poignards et de pelles défilent devant le pas de sa porte, comme une armée qui s'empare lentement de la ville. «J'étais terrorisée. Il y en avait partout, sur la route, sur les trottoirs, avec sur le dos des hottes remplies de riz. Je n'osais plus sortir», raconte cette Vietnamienne rencontrée dans le nord-est du Cambodge. Descendus de leurs villages, environ 4000 Montagnar