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Libération
Enquête

174 jours de grève à mort.

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Plusieurs centaines de détenus accusés de terrorisme en Turquie sont en grève de la faim. Une lente agonie qu'ils font durer en prenant des vitamines et de l'eau sucrée.
publié le 12 avril 2001 à 0h27

Istanbul envoyés spéciaux

Leurs gestes ne sont plus qu'ébauchés pour économiser leurs forces. Autour de la tête toutes portent le bandeau rouge du shehite (le martyr). Les grévistes de la faim sont à demi couchées et autour d'elles leurs compagnes de détention psalmodient à l'infini les poèmes de camarades tombés pour la cause en se laissant ainsi périr d'inanition: «Amis, je meurs, mais toujours je vivrai en vous.» Les murs de la cellule sont couverts d'affiches bariolées dont les slogans saluent «l'héroïque résistance des grèves de la mort» ou assurent que «les martyrs vivent pour l'éternité dans notre conscience». Les quinze détenues, souvent âgées d'à peine 20 ans, sont décidées à aller jusqu'au bout. «Elles ont le regard extasié de celles qui sont déjà passées de l'autre coté, inaccessibles au doute et prêtes à prouver par leur sacrifice qu'elles sont les plus valeureuses des combattantes», se souvient Leyla (nom d'emprunt), aujourd'hui en liberté provisoire dans l'attente de son procès. Détenue dans une cellule voisine, cette jeune femme fut en octobre le témoin direct dans une prison d'Istanbul du début de ce mouvement auquel participent un demi-millier de prisonniers d'extrême gauche accusés de terrorisme. Ils sont membres présumés du DHKP-C (Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire) ­ variante turque de ce que fut jadis la RAF (Fraction Armée Rouge, dite «bande à Baader»), allemande ­, et de Tikko (Armée de libération ouvrière et paysanne). Cengiz Soydas a