Khan Younis (Gaza)
envoyé spécial
Pesant de toutes ses forces sur une barre à mine, Yasser peine à dégager les décombres. Sous les gravats de la masure détruite, une bicyclette aux roues voilées, objet de ses efforts, son unique trésor. Le gamin en sueur s'acharne contre les éboulis, indifférent aux tirs de semonce des soldats israéliens, et sauve le cadre de son vélo dans un cri de victoire. Autour de lui, des dizaines de familles fouillent les vestiges de leurs foyers, hagardes, cherchant à en soustraire ce qui peut encore l'être.
Bruits de moteurs. Là où, la veille encore, se dressait un quartier populeux, en lisière de la ville de Khan Younis, au beau milieu de la bande de Gaza, les soldats d'Israël n'ont laissé qu'un immense champ de ruines dans la nuit de mardi à mercredi. Plusieurs pâtés de maison rasés au sol lors d'un assaut mené par une escouade de bulldozers appuyés par des chars, soutenus par l'infanterie, sous la couverture constante d'hélicoptères de combat. Pour mener leur opération contre le camp de réfugiés de Toufah, une zone normalement dévolue au contrôle exclusif de l'Autorité palestinienne, les stratèges israéliens ont employé les grands moyens. Massées dans de la colonie juive de Gush Katif, distante d'une centaine de mètres et souvent prise pour cible par les francs-tireurs palestiniens, les troupes ont fait mouvement peu après minuit. Sans la moindre sommation. Salem Abou Moussa vivait dans l'une des premières habitations détruites. «Nous avons été réve