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Libération

Turquie: la rébellion des petits patrons.

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Ils étaient 70000 à manifester hier contre la crise et le gouvernement.
publié le 12 avril 2001 à 0h27

Istanbul de notre correspondant

Les patrons des PME se révoltent en masse. Traditionnellement conservateurs, petits commerçants et artisans demandent la démission du gouvernement et n'hésitent pas, comme hier à Ankara, à descendre dans la rue bravant les matraques, les bombes lacrymogènes et les blindés de la police. Les forces de sécurité ont dû tirer en l'air pour disperser la foule, 70 000 personnes selon les organisateurs, 30 000 selon la police. Les échauffourées ont fait plus de 100 blessés dont une moitié de policiers. Une soixantaine de personnes ont été arrêtées selon l'agence semi-officielle Anatolie. Les manifestants qui portaient un cercueil annonçant symboliquement la fin du gouvernement, présidé par Bülent Ecevit, 73 ans (gauche nationaliste) scandaient «Gouvernement démission» et «Ne laisse pas l'oiseau et le loup te dévorer», allusions aux deux partis de la coalition gouvernementale, le Parti de la gauche démocratique (DSP-Gauche nationaliste) d'Ecevit dont le symbole est un pigeon et le Parti d'action nationaliste (MHP-Extrême droite) représenté par le loup. Les petits commerçants en colère ont attaqué le palais de justice, la Cour des comptes et d'autres bâtiments publics ainsi que les locaux des partis au pouvoir.

Pas de réformes. La crise économique pousse de nombreux boutiquiers et patrons de PME à la ruine. «Personne n'achète plus rien. On ouvre la boutique au petit matin et on la ferme tard dans la soirée sans qu'un sou n'entre dans la caisse», expliquai