Grozny envoyée spéciale
La situation militaire en Tchétchénie apparaît toujours sans issue. En janvier, le Kremlin annonçait le retrait progressif des troupes russes et le transfert du contrôle des opérations militaires aux services de sécurité (FSB, ex-KGB). En fait, jusqu'à ce jour, aucun contingent militaire n'a plié bagage, et selon la population, les officiers du FSB, chargés de remettre de l'ordre dans la république, ne contribuent qu'à intensifier le chaos et ferment les yeux sur les crimes de l'armée contre les civils.
«Pas une seule famille n'a été épargnée par les zatchiski (opérations de «nettoyage» menées par les forces fédérales russes) ou les bombes, note Adam Tourpaïev, 35 ans, boïvik (combattant indépendantiste), bras droit pour le secteur sud-ouest du chef de guerre Ruslan Guelaïev. C'est pourquoi il ne nous est pas difficile de motiver nos troupes. D'Argoun à Assinovsski, nous avons entre 15 à 20 hommes dans chaque village qui attendent les ordres du chef Aslan Maskhadov (le président tchétchène, ndlr).» Responsable de la distribution d'argent, de vêtements et d'armes pour le secteur sud-ouest, Adam fait la navette entre sa base militaire dans les montagnes et l'Ingouchie voisine où il se fournit en nourriture. «Les armes, on les achète aux Russes, c'est plus pratique et moins cher», assure-t-il.
Méfiance. D'après Adam, lors de ce second hiver de guerre, la tactique des boïviki a consisté à se «légaliser», c'est-à-dire à infiltrer les Omon (troupes spéciales d