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Libération

Une main-d'oeuvre «livrée» sous contrat

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Pratique courante en Afrique, le trafic d'enfants n'est pas vraiment réprimé dans les pays concernés.
publié le 14 avril 2001 à 0h29

Abidjan de notre correspondante

Une traite d'un nouveau genre sévit depuis une dizaine d'années en Afrique de l'Ouest: ancrée dans la misère, elle fait commerce d'enfants, marchandise quasiment «gratuite» à l'achat et qu'il suffit d'amener à l'«acquéreur». Moyennant finances pour l'intermédiaire, ce négrier moderne qui est le principal bénéficiaire du trafic. Car les enfants transportés par bateau (lire ci-contre), pirogue, car, camion ou taxi ne valent pas cher au départ. Ils viennent des villages les plus déshérités des pays pauvres de la région: Mali, Togo, Bénin, Niger, Burkina Faso.

Eldorados. Trop miséreux pour aller à l'école. Proies faciles pour les trafiquants, généralement de riches «parents» qui ont réussi en Côte-d'Ivoire, au Gabon, au Cameroun ou au Nigeria, Etats nantis en comparaison. Ils ont vu leurs grands frères revenir de ces eldorados, avec un vélo, une radio et même un peu d'argent. Ils ne rêvent que de suivre le même chemin. Quant aux parents, ils sont trop contents de confier leur enfant à un protecteur qui lui trouvera du travail et lui permettra peut-être de sortir de la pauvreté. Bien peu ont conscience que leur progéniture risque les coups ou le naufrage pendant la traversée. Et aucun ne songe qu'au mieux ce sera l'exploitation pure et simple.

«Le trafic des enfants pour le travail existe dans tous les pays en développement, explique un responsable de l'Unicef à Abidjan. Mais, en Afrique, il s'inscrit dans des pratiques sociales anciennes. C'est le co