Fausse alerte ou vraie tragédie? Au quai numéro 5 du port de Cotonou, le bateau est bien là. Mais où sont les enfants? Au terme d'un week-end pascal agité, où les rumeurs les plus folles se sont succédé sur l'odyssée tragique d'un navire transportant plus d'une centaine d'enfants esclaves emmenés du Bénin pour être «vendus» au Gabon, l'affaire semble avoir tourné court. L'Etireno est bien revenu au Bénin après avoir été refoulé du Gabon, puis du Cameroun. Mais, à bord, les autorités béninoises n'ont trouvé que 147 malheureux passagers, dont seulement 23 enfants. Essentiellement des immigrés clandestins qui cherchaient un avenir meilleur dans l'eldorado gabonais, le pays de loin le plus riche de la région. Mais leur épopée ne peut en aucun cas être assimilée au drame annoncé d'un scandaleux trafic d'enfants contre lequel l'Unicef a mobilisé ses troupes et la presse internationale, Libération compris, pendant ce week-end férié.
Données parcellaires. «Le phénomène des enfants esclaves est pourtant un vrai problème en Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui, on a l'impression que les journalistes sont déçus car ils s'attendaient à plus de sensationnel!», s'exclame le Dr Ionete, responsable de l'Unicef à Libreville, la capitale gabonaise où l'Etireno aurait accosté, fin mars. Le bureau de l'Unicef au Gabon, qui avait d'abord confirmé les informations sur le bateau chargé d'«enfants esclaves», concède aujourd'hui n'avoir eu que «des données parcellaires» sur cette affaire. «Ici, c'est les