Traun envoyé spécial
Est-ce une conséquence de la présence de ministres d'extrême droite au sein du gouvernement? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, il y a deux semaines, le maire (socialiste) de Traun, une petite ville industrielle au centre du pays, s'est permis d'envoyer les bulldozers pour raser une mosquée de sa commune. Une première dans l'histoire de l'Autriche d'après-guerre. Mais, autre fait nouveau, la petite communauté musulmane de Traun a décidé de réagir. Tapis et Coran sous le bras, ils ont déménagé leur prière du vendredi en pleine rue, sans craindre le regard ébahi et souvent hostile des passants. Du jamais vu dans ce pays où chaque minorité cherche avant tout à passer inaperçue!
Un autre Dieu. Traun, 25 000 habitants, pourrait passer pour une charmante petite ville baroque autrichienne si elle ne se trouvait au centre d'une grosse région industrielle: sidérurgie, chimie, entreprises de bâtiment. Des activités qui signifient, comme partout en Europe, une proportion élevée de main-d'oeuvre étrangère: 17 % des habitants de Traun sont étrangers, presque le double de la moyenne nationale. Originaires de Turquie et de l'ex-Yougoslavie, ils prient souvent un autre Dieu que celui, très catholique, de leur pays d'accueil.
Installée au début des années 90 en bordure de la ville, l'association islamique Milli Görüs, qui fédère un demi-millier de pratiquants, y coule pendant cinq ans des jours tranquilles. Les problèmes commencent, lorsque, obligée de déménager car son