Genève de notre correspondant,
«Que dirait-on d'un tribunal qui comporterait parmi les jurés, des assassins et des violeurs? C'est pourtant, ce qui se passe, peu ou prou, à la Commission des Nations unies pour les droits de l'homme.» Ce jugement désabusé de Ken Roth, directeur de l'organisation américaine Human Rights Watch, témoigne de l'ambiguïté de cette Commission qui se veut «la conscience de la communauté internationale», mais qui en réalité, reflète davantage les rapports de force entre Etats que le véritable «palmarès» des gouvernements bafouant les droits de l'homme. D'autant que des pays peu sourcilleux en matière de respect de la personne humaine font désormais de «l'entrisme» au sein de cet organe de l'ONU, pour mieux se prémunir de toute condamnation.
Rituellement, l'un des sujets les plus disputés est la Chine. En dépit de la reconnaissance «des progrès enregistrés», les Américains, soutenus par les Quinze, ont tenté hier en pure perte d'épingler Pékin pour les entraves à la liberté d'expression, à la liberté religieuse et d'association, ainsi que sur le Tibet. Mais Pékin a réussi une nouvelle fois à ce que ces accusations ne soient même pas discutées. Par 23 voix contre 17 et 12 abstentions, la Chine a réussi, par un artifice de procédure, à simplement écarter tout vote sur le fond.
Abstention. Le gouvernement chinois avait mis toutes les chances de son côté. Ces derniers jours, le président Jiang Zemin a entamé une grande tournée en Amérique latine, dont les