Moscou de notre correspondante
Poubelle nucléaire de l'ex-Empire soviétique, la Russie pourrait devenir celle du monde entier. Hier, les députés de la Chambre basse du Parlement, la Douma, ont adopté en seconde lecture un projet de loi autorisant l'importation «temporaire» de déchets nucléaires. Le texte devra encore être adopté par la Chambre haute, le Conseil de la fédération, et contresigné par le président Vladimir Poutine. Le chef de l'Etat n'est pas connu pour sa sensibilité à l'écologie, mais il pourrait hésiter à avaliser une loi, qui, selon les sondages, rencontre l'hostilité de neuf Russes sur dix. Officiellement, il ne s'agit pas d'importation de déchets nucléaires, mais du retraitement et du stockage temporaire de combustible irradié. Chaque contrat devra également faire l'objet d'une étude de l'environnement.
Dollars. Le ministère de l'Energie atomique fait valoir que retraiter et stocker 20 000 tonnes de combustible irradié rapporterait à la Russie près de 20 milliards de dollars en dix ans. Une partie de cet argent devrait être affectée au nettoyage des régions gravement contaminées par le nucléaire à l'époque soviétique.
Le débat sur l'adoption de cette loi avait donné lieu à de vigoureuses polémiques dans le pays. Les écologistes de Greenpeace avaient recueilli à l'automne 2,5 millions de signatures pour réclamer un référendum. Les autorités avaient annulé la validité de 600 000 signatures, les empêchant de se prévaloir des 2 millions de signatures nécessaires