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Libération

Chine : Après Douvres, ils reclament justice

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publié le 20 avril 2001 à 0h32

Pékin de notre correspondant

Quelques lignes lues dans un journal, et la colère resurgit. Wang Xiaomei a perdu son mari, Hu Huasun, dans la tragédie des immigrés clandestins chinois morts asphyxiés en juin dans un camion frigorifique à Douvres. Le 8 mars, dans le Quotidien du Fujian, le journal de sa région, cette jeune veuve découvre le verdict du procès britannique du chauffeur néerlandais du camion: quatorze ans de prison. «Quatorze ans pour 58 morts! C'est injuste, il méritait la mort», s'insurge-t-elle.

Dans le même article, elle déniche une référence à un reportage de Libération, affirmant que la police hollandaise connaissait et surveillait de près, depuis 1997, les activités de Gürsel ÷zcan, un Néerlandais d'origine turque, accusé d'être le chef du réseau qui a organisé la traversée de Douvres, jugé en ce moment à Rotterdam (Libération du 5 mars). Les 58 familles de victimes, vivant dans deux villages du Fujian, dans le sud de la Chine, se sont alors concertées et, fortes de ce nouvel élément, ont décidé de demander des compensations au gouvernement néerlandais pour n'avoir pas agi plus tôt contre ÷zcan.

Ignorés. Les familles, qui sont restées en contact depuis la tragédie, se sont alors cotisées ­ 100 à 200 yuans (autant de francs) chacune, une somme non négligeable pour ces paysans ­ et ont désigné des émissaires pour aller à Pékin, choisis parce qu'ils manient suffisamment bien le mandarin pour se débrouiller dans la capitale. Et, en début de semaine, les voilà à Pék