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Libération

La France manoeuvre et commerce au Qatar

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Un exercice militaire conjoint a été organisé dans l'émirat.
publié le 20 avril 2001 à 0h32

Qatar envoyé spécial

La fusillade dure depuis plus d'une demi-heure. Dans les crachotements de la radio, on entend la voix d'un colonel français qui perd patience: «Bon, ça suffit. On peut arrêter, cette fois!» Rien à faire, les doigts restent crispés sur les gâchettes. L'armée de terre du Qatar se déchaîne dans le désert, tirant au fusil d'assaut, au mortier, à l'obusier. Les chars AMX-30 progressent, suivis par les blindés Piranha. Assises à l'ombre et sirotant leur thé, les autorités se régalent. Avec la chaleur, certains officiers français commencent à somnoler à la tribune. Les manoeuvres s'achèvent par la grande contre-offensive visant à réduire l'ennemi «stoppé et amoindri» par l'action des soldats français. Faute d'ennemi réel, c'est un succès. Les chefs d'état-major français et qatari n'ont plus qu'à se retrouver sous la tente pour se féliciter du déroulement de Gulf Falcon, un exercice binational qui a mobilisé près de 5 000 hommes à la mi-avril.

Gros sous. Les grandes manoeuvres de printemps de l'armée française se sont déroulées, cette année, sur une grosse bulle de gaz et quelques champs de pétrole. Discrètement, depuis la guerre du Golfe (1990-1991), le Qatar est devenu une sorte de protectorat militaire français, au même titre que son voisin les Emirats arabes unis. Difficile de connaître le contenu exact de l'accord de défense franco-qatari signé en 1994 et réellement mis en oeuvre depuis 1998: il n'a jamais été rendu public!

C'est d'abord une affaire de gros so