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Libération

Les pêcheurs d'Islande en mal de mer

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En colère contre des armateurs trop gourmands et des quotas pénalisants, ils bloquent les ports depuis deux semaines.
publié le 20 avril 2001 à 0h32

Thorlakshöfn envoyée spéciale

En arrivant à Thorlakshöfn, on tombe d'abord sur la rue du Rocher-de-l'Huile-de-Foie-de-Morue, puis sur la rue de la Lave-de-l'Ile, avant de déboucher sur le port. Il est 11 heures du matin, et pourtant tous les bateaux sont à quai. Dans ce petit port à 40 kilomètres de Reykjavik, tous les pêcheurs sont en grève depuis plus de deux semaines. Comme sont en grève les 6 000 pêcheurs salariés d'Islande. Seuls sont sortis les «petits bateaux», comme on les appelle ici, dont les marins sont aussi les propriétaires.

Une grève de pêcheurs en Islande, c'est un peu comme une grève de routiers en France. Economiquement, l'impact est énorme ­ surtout en pleine saison de pêche au capelan et à la morue ­ et, sentimentalement, tout le monde se sent concerné. Ce n'est pas que tous les Islandais soient pêcheurs: cette époque est révolue depuis longtemps. Le secteur n'emploie plus que 10 % de la population active, dont la moitié sur les bateaux et l'autre dans les pêcheries (usines de traitement du poisson). Mais tout le monde a un frère, un père ou un grand-père pêcheur. Avec les geysers, les volcans et les Vikings, la pêche est encore un des piliers de l'identité islandaise. C'est aussi la première activité économique du pays: elle rapporte plus de 50 % des devises à l'exportation.

«Très bien payés». Comment se fait-il alors que, pour la quatrième fois en sept ans, les pêcheurs soient en grève? «Bien sûr, ils demandent des augmentations de salaire, explique Ragnar