Québec envoyés spéciaux
La base de béton de l'immense grillage qui boucle le centre de Québec 3 mètres de haut, 4 kilomètres de long est couverte de graffitis en diverses langues: «Mur de la honte», «Berlin», «Etats policiers»... Sur la grille, des fleurs en plastique ou en papier crépon, des poèmes, des rubans et des mots d'ordre étranges («Créons des formules unifiées») ont été accrochés. Pour les quelques milliers de manifestants contre la mondialisation, cette clôture est «le symbole de la destruction de [leurs] droits». Elle est là pour entraver «la liberté de manifester, de s'exprimer». Et, accusent-ils, elle en dit long sur la volonté «antidémocratique» des 34 chefs d'Etat et de gouvernement du continent américain (sauf Cuba), qui, hier après-midi, se sont retranchés derrière elle. Ceux-ci, qui entendent créer une vaste zone de libre-échange américaine (Zlea), allant de l'Arctique au cap Horn, ne préparent-ils pas, «contre la volonté des peuples», la «consolidation du pouvoir des grandes entreprises au détriment de la souveraineté populaire (1)»?
«Détruire les oligarchies.» A l'intérieur du périmètre de sécurité, dans le hall de l'hôtel Hilton ou dans les allées du palais des Congrès, c'est pourtant bien la démocratie que l'on a l'impression de défendre et de consolider. La liberté du commerce, c'est «une garantie de démocratie», estime ainsi cet ambassadeur latino-américain auprès de l'Organisation des Etats américains, «c'est la seule façon de détruire les oligarc