La Sicile aura-t-elle cessé d'être une île d'ici à 2015? Silvio Berlusconi a déjà promis que, s'il revenait au pouvoir après les législatives du 13 mai, il concrétiserait enfin ce mythique projet de pont sur le détroit de Messine, éternellement à l'étude depuis la fin des années 60.
A moins d'un mois du scrutin, le centre gauche se devait de réagir. Cette semaine, le Con seil des ministres s'est donc jeté à l'eau, donnant un feu vert de principe à l'ouvrage: un pont de 3,3 kilomètres de long et de 60 mètres de large, suspendu entre deux piliers de 370 mètres de haut. Une «décision historique» assortie d'une condition: l'Etat ne financera que la moitié de cet investissement, évalué à 10 000 mil liards de lires (5,16 milliards d'euros). Le reste devra être trouvé d'ici à deux mois dans la poche de groupes privés, comme le japonais Mitsubishi.
C'est le président du Conseil, Giuliano Amato, qui a coupé ainsi la poire en deux, pour calmer la fureur de ses deux ministres écologistes. Les Verts, totalement opposés à un projet qu'ils considèrent comme une «cathédrale dans le désert», avaient fait jurer, avant d'entrer dans la coalition au pouvoir, que le pont ne se ferait pas. Il aura fallu trois heures d'âpres débats au Conseil pour déboucher sur le compromis annoncé mercredi. Mais l'Olivier, de centre gauche, que les sondages voient pour l'heure battu par la Maison des libertés de Berlusconi, pouvait-il laisser filer sans réagir quelques millions d'électeurs siciliens, qui ne so