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Vie privée sous surveillance en Suède

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Une loi va autoriser l'informatisation de renseignements intimes.
publié le 21 avril 2001 à 0h32

Stockholm

de notre correspondant

C'est une passion suédoise: enregistrer les gens, faire des statistiques, croiser les fichiers, le tout par souci d'efficacité pour une société qui aime l'ordre et l'organisation. Dans ce domaine, la Suède passe pour être la meilleure au monde. Dernière idée en date: un projet de loi, devant entrer en vigueur dès cet automne, qui prévoit que les services sociaux pourront légalement enregistrer toutes sortes de renseignements extrêmement privés, comme les habitudes sexuelles, les opinions politiques ou religieuses.

Cas extrêmes. Au ministère des Affaires sociales, on prend soin d'expliquer qu'il n'est question que d'efficacité: par exemple, si un jeune néonazi doit être placé, il serait indélicat qu'il atterrisse dans une famille de militants d'extrême gauche. De même qu'un pédophile qui aurait perdu son travail n'arriverait pas à en retrouver mais aurait besoin de l'aide de la société. Rien que des cas extrêmes, insiste-t-on au ministère. «En aucun cas, il ne s'agit d'enregistrer systématiquement ces renseignements pour tout le monde.» On note aussi que cette pratique existe déjà et qu'il s'agit en fait de lui donner un cadre légal pour réglementer l'usage d'un tel fichier, «afin de mieux protéger le citoyen».

L'ethnologue suédois Åke Daun n'est pas surpris par ce nouveau pas. «Le fond de la mentalité suédoise est très pragmatique. On veut donc aussi une société qui soit pragmatique. Et on estime qu'une information accessible par la technique est