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Varsovie compense en attendant des marks

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Les anciens déportés polonais désespèrent de toucher leur dû.
publié le 24 avril 2001 à 0h34

Varsovie de notre correspondante

Dès 6 heures du matin, une file d'attente se forme devant le bureau de la fondation «Réconciliation polono-allemande», chargée de distribuer des indemnités aux anciens travailleurs forcés du IIIe Reich. Chaque jour, quelque 1 000 personnes viennent de toute la Pologne pour y déposer leur demande. Jozef Marczak, 72 ans, pauvrement vêtu mais avec élégance, attend depuis quatre heures au guichet. Son histoire est celle de beaucoup d'autres. Il avait 12 ans quand, avec ses parents, il s'est fait prendre dans une rafle dans sa ville natale de Tarnopol (sud-est du pays). Déporté à Minden, en Westphalie, il a travaillé dans une verrerie. «D'abord huit heures par jour, puis dix, puis douze. Le travail était dur, j'ai fabriqué des bouteilles dans une chaleur épouvantable, pendant quatre ans.» Aujourd'hui, il vit avec une pension de 420 zlotys (115 euros par mois). Si son dossier est accepté, il pourrait recevoir 4 000 marks. «Je dois me battre pour cet argent, je suis seul, vieux et malade, 4 000 marks, c'est une fortune pour moi», dit-il avant d'ajouter: «Mais la recevrai-je un jour?»

Sans papiers. La majorité des victimes quitte la fondation déçue. Helena n'a pas les papiers pour prouver qu'elle a travaillé dans une usine de béton armé près de Berlin: «Sous les bombardements, personne ne pensait aux documents mais à comment échapper à la mort, et puis, après la guerre, on avait tous fait une croix sur les indemnisations. La Pologne communiste, forcée