Le général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense et ex-homme fort du régime algérien, est aujourd'hui à Paris. Sa présence pourrait être banale vu la fréquence des déplacements des «décideurs» algériens en France. Elle constitue pourtant un événement s'agissant de généraux qui assument la réalité du pouvoir, mais répugnent à apparaître et plus encore à s'expliquer. Mais l'onde de choc créée par le livre la Sale Guerre les a contraints à monter en première ligne pour répondre aux accusations d'un jeune officier algérien, Habib Souaïdia, qui dénonce la responsabilité de l'armée dans les tueries. Déjà, l'intervention quasiment sans précédent en dix ans de guerre! de Mohamed Lamari, le tout-puissant chef d'état-major, avait confirmé qu'il s'agissait d'une affaire d'Etat.
Trois éléments auront obligé les chefs militaires à s'impliquer davantage par peur de devoir un jour rendre des comptes sur les exactions reprochées: l'impact de ce livre (70 000 exemplaires en trois mois); l'impossibilité pour Alger de mobiliser en sa faveur, comme ce fut souvent le cas, des intellectuels étrangers de renom; enfin, la caution apportée à cet ouvrage par un préfacier irréprochable, le juge antiterroriste italien Ferdinando Imposimato.
Considéré encore très récemment comme l'un des deux «parrains» du système, Nezzar a donc décidé de monter au créneau en venant en France présenter ses «mémoires» (Echec à une régression programmée, Publisud). Mais il signifiait, dès samedi dans un entretien