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Libération
Interview

«Nous voulions lancer un défi à la peur allemande»

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Axel Schultes, le concepteur du bâtiment, répond à ses détracteurs.
publié le 26 avril 2001 à 0h35

Architecte allemand, né à Dresde en 1943 puis grandi à Berlin-Ouest, Axel Schultes a relativement peu construit. Deux bâtiments, le musée d'art de Bonn (1992) et le crématorium de Berlin-Treptow (1998), ont pourtant suffi à consacrer son talent. Ami des grandes lignes, il soulève d'immenses masses de béton par de simples jets de lumière. Encensé pour le musée ou le crématorium, ses jeux semblent pourtant effrayer lorsqu'il s'agit de la chancellerie. Depuis quelques semaines, l'architecte, qui fuit d'ordinaire la presse, est obligé de défendre son bâtiment face aux déchaînement des critiques. Surmonter ces attaques est d'autant plus important pour lui que son prochain grand projet serait de se voir confier l'aménagement de l'ancienne place du château de Berlin: il imagine de reconstruire là le coeur historique de Berlin en creux, sous forme de place, entourée de façades modernes ou à l'ancienne.

A en croire nombre de réactions en Allemagne, vous avez conçu un monstre démesuré, pour étouffer la démocratie?

Les Allemands ont de bonnes raisons d'avoir peur de tout ce qui est un peu grand. Le siècle dernier leur a donné suffisamment de raisons de se méfier de la démesure en Allemagne. En réaction, la république de Bonn avait fait dans l'understatement. Dans ce coude de la Spree, nous avons pourtant voulu exprimer le contraire de cette frustration: l'euphorie de la chute du Mur et la réalisation de tout ce dont l'Allemagne pouvait rêver, sa réunification. C'est cette énergie, cet en