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Libération

Trois manifestants tués en Kabylie.

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Depuis six jours, des émeutes embrasent la région.
publié le 26 avril 2001 à 0h35

Les forces de l'ordre ont tiré, hier, près de Bougie et à Bardacha, faisant trois morts et plusieurs blessés parmi les jeunes qui manifestaient. Six jours après les faits, le meurtre du jeune Mohamed Guermah (20 ans), abattu de sang-froid le 19 avril dans la gendarmerie de Beni Douala, n'en finit pas d'embraser la Kabylie. Comme si les excuses du chef de la brigade de gendarmerie et la suspension d'un responsable de la sûreté de Béjaïa étaient arrivées trop tard. Comme si cet assassinat n'avait été que la goutte d'eau qui fait déborder le vase du chômage et de la mal-vie. «C'est contre la hogra (le mépris) et la corruption que nous nous battons», scandent les manifestants.

Nouveau slogan. Plusieurs localités des willayas (préfectures) de Bejaïa et de Tizi-Ouzou se sont ainsi enflammées mardi et mercredi. A Amizour, El-Kseur, Sedouk, Sidi Aïch, Timezrit, Beni Djellil, Akbou, Semaoun, Tazmalt Ouzellagen, Barbacha, Féraoun, Souk el Tenine, des centaines de jeunes (des écoliers et des lycéens), ont investi les rues, parfois rejoints par des adultes, avec les mêmes slogans: «pouvoir assassin», «fils de Bouteflika», «vérité et justice». Mais le plus étonnant reste l'apparition d'un mot d'ordre inattendu dans une région peu encline à sympathiser avec les islamistes: «l'armée, le peuple avec toi, Hattab» (Hattab est le chef du GSPC, groupe armé islamiste qui affirme s'en prendre aux seules forces de l'ordre et non aux civils, ndlr). Ce slogan seul exprime l'exaspération d'une jeuness