Moscou, envoyé spécial
L'enseigne ne passe pas inaperçue dans cette rue, à deux pas de la place Pouchkine, au centre de Moscou. On y lit, en lettres cyrilliques, un nom bien connu dans le cercle restreint des trois étoiles de France: Troisgros. L'ancêtre Jean-Baptiste, l'inspirateur de la lignée de grands cuisiniers auxquels la place de la gare à Roanne doit sa célébrité, étend son empire via ses petits-fils. Après New York et Rio, Michel Troisgros vient d'ouvrir un restaurant à Moscou.
Ce n'est pas le premier cuisinier français à s'installer (on en compte une trentaine) dans la capitale russe, mais c'est le premier «trois étoiles» à tenter l'aventure. Le départ s'est fait en fanfare sur un principe simple et fort: faire à Moscou comme on fait à Roanne. Les mêmes plats, la même carte et bientôt les mêmes vins (dont une trentaine de Bourgogne qu'on ne trouve nulle part à Moscou). C'est l'exigence d'identité qu'a formulée Michel Troisgros quand Mikael Nikolaev est venu le solliciter.
Rêve russe. Président du groupe d'assurances Nasta et homme d'affaire multicarte, francophile, fine bouche et grand connaisseur de vin, ce Russe richissime rêvait d'une grande table où, en cuisine, les grands chefs français, de Bocuse à Ducasse, se seraient succédés. L'idée était trop idéaliste. De tous, Troisgros fut le plus emballé. Il mit donc les pieds à Moscou, le 27 août dernier.
Nikolaev et son partenaire Alexandre Smelianski (un bon connaisseur de la jet-set moscovite) avaient déjà acquis le l