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Libération

un général algérien épingle à Paris.

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Plaintes pour tortures contre l'ex-ministre de la Défense.
publié le 26 avril 2001 à 0h35

Depuis plusieurs mois, les généraux qui assument la réalité du pouvoir en Algérie vivent dans la hantise de devoir un jour rendre des comptes sur la «sale guerre» qui ensanglante le pays depuis dix ans. Cette peur s'est concrétisée avec la plainte, déposée hier à Paris, contre le général Khaled Nezzar par une famille algérienne, dont le fils est mort sous la torture, et deux anciens détenus, eux aussi torturés par les forces armées dans la période qui a suivi la proclamation de l'état d'urgence, en 1992. Ironie du sort: l'ex-homme fort du régime algérien a été rattrapé par cette «sale guerre» alors qu'il est précisément venu en France pour tenter d'innocenter l'armée des accusations portées contre elle dans le livre à succès d'un jeune officier algérien, Habib Souaïdia (Libération du 25 avril).

La nouvelle, qui s'est répandue comme une traînée de poudre à Alger, constitue un véritable séisme politique. Pour les généraux algériens qui ne pouvaient même pas imaginer il y a encore quelque temps d'être interpellés publiquement sur les exactions de l'armée. Mais c'est aussi un séisme en France, où les autorités ont toujours évité de froisser Alger, quand elles n'ont pas bloqué les velléités de certains pays européens de conditionner l'aide économique à un minimum de démocratisation.

Si la raison d'Etat a sans doute encore de beaux jours devant elle, la triple plainte en urgence, déposée hier matin auprès du parquet de Paris, par Mes William Bourdon et Antoine Comte, brise un tabou.