Le Parlement ukrainien a adopté, hier à une écrasante majorité, une motion de censure contre le Premier ministre Viktor Iouchtchenko, aggravant la crise politique ouverte, il y a plusieurs mois, par la mise en cause du président Leonid Koutchma dans «l'affaire Gongadze», du nom d'un journaliste d'opposition retrouvé assassiné. Apprécié des Occidentaux pour ses réformes libérales et très populaire en raison de sa réputation d'honnêteté, le Premier ministre a sans doute payé sa trop bonne image et ses prises de position en faveur de Ioulia Ioukachneko, son ex-bras droit aujourd'hui figure de l'opposition antiprésidentielle. Fragilisé par la contestation interne, Koutchma paraît bien décidé à renforcer son emprise sur le pouvoir.
Hostiles aux réformes. Sur 409 députés, 263 ont voté pour la motion de défiance, 69 contre, 24 ont voté blanc et 53 se sont abstenus. Outre les communistes, les partis centristes, et, derrière eux, des clans financiers proches de la présidence et hostiles aux réformes de Iouchtchenko, ont soutenu le texte.
«La démocratie en Ukraine vient de connaître une grave défaite, a déclaré le Premier ministre après le vote; l'élite politique n'est pas prête à mettre en place une économie et une politique transparentes.» Ex-président de la Banque nationale, Iouchtchenko, 47 ans, dirigeait le gouvernement depuis décembre 1999. Son accession au pouvoir avait fait naître des espoirs de renouveau et séduit les investisseurs étrangers. Mais sa politique d'austérité et so