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Libération

Les vérités cachées d'un génocide annoncé.

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publié le 28 avril 2001 à 0h37

Bruxelles envoyée spéciale

Soudain Véneranda se crispe, elle semble au bord des larmes: «Mais il ment! Cet homme, c'est le diable!», chuchote-t-elle en écoutant l'homme qui parle derrière le box des accusés. Assise dans le public de la cour d'assises de Bruxelles, Véneranda est arrivée le matin du Rwanda. Elle a parcouru 6 000 km pour assister à un procès historique. Depuis le 17 avril, quatre citoyens rwandais comparaissent non pas pour des faits commis au pays des Wallons et Flamands mais pour répondre de crimes contre l'humanité qui ont eu lieu au Rwanda, le pays des Hutus et des Tutsis. En 1994, un génocide contre l'ethnie tutsie décime cette ancienne colonie belge. Le bain de sang a fait 800 000 morts en seulement cent jours. Les coupables se comptent par milliers: des hommes politiques et des militaires qui ont planifié les massacres. Des intellectuels qui les ont légitimés. Des fonctionnaires qui ont facilité le déclenchement des tueries et des centaines de miliciens et de gens ordinaires, terrorisés ou endoctrinés, qui ont tenu les machettes. Certains seront jugés au Rwanda ou au Tribunal international pour le Rwanda, basé en Tanzanie. Mais pour la première fois au monde, un pays tiers, la Belgique, applique la règle de la compétence universelle. Les fantômes d'une tragédie africaine sont venus hanter le monumental palais de justice de Bruxelles, inauguré par Léopold II fondateur de l'empire colonial belge.

Commandements de la mort. «Je n'aurais peut-être pas dû venir,