Xerta envoyé spécial
Les gros titres ronflants et guerriers étaient sans doute inévitables: «La deuxième bataille de l'Ebre», «La prise de Madrid» ou encore «La guerre de l'eau» presque aussi terrible que celle du feu. Depuis des millénaires, les Ibères applaudissent le soleil et maudissent la sécheresse. Ils y ont acquis toute une culture de l'eau et surtout la hantise d'en manquer. Cette année, tout s'est emballé avec l'annonce, à la mi-février, par le gouvernement de droite présidé par José María Aznar d'un «plan hydrologique national» (PHN). Celui-ci vient de loin.
En fait, la gestion des ressources en eau, en raison de sa relative rareté, est devenue beaucoup plus qu'un souci gouvernemental, un symbole tangible du pouvoir espagnol. Francisco Franco, par exemple, entre autres petites manies, était un enragé des barrages: il en a inauguré des centaines au long de son interminable règne. Plus près de nous, les socialistes espagnols, après avoir fait voter une «loi de l'eau» en 1985, ont proposé en 1993 leur propre PHN, faramineusement pharaonique, tout droit sorti des délires de grandeur de quelques ingénieurs des Ponts et Chaussées. Cela avait soulevé une telle tempête de protestations que Felipe González avait dû rempocher piteusement ce projet. Son successeur, Aznar, bien droit dans ses mocassins cossus, se devait lui aussi d'imprimer sa marque sur le paysage aquatique espagnol. Et il n'a réussi, lui aussi, qu'à ouvrir les vannes à la discorde civique et à une flambée