Pyongyang envoyé spécial
Les Européens s'en défendent, mais, vu de Pyongyang, il y a, dans la visite en Corée du Nord du Premier ministre suédois, Göran Personn, au nom de l'Union européenne, un net parfum antiaméricain. Cette première incursion d'une forte délégation européenne (Javier Solana et Chris Patten, les deux responsables de la politique extérieure de l'UE) dans le dernier bastion stalinien de la planète coïncide, en effet, avec le net raidissement de George Bush face au processus engagé l'an dernier dans la péninsule coréenne. Le discours du président américain, mardi, se disant déterminé à bâtir son bouclier antimissiles, une politique visant principalement Pyongyang, accentue cette dimension du voyage.
Symboles. Kim Jong-il, l'imprévisible leader d'un régime isolé et en ruine, a décidé de prendre l'Europe au sérieux. Fait assez rare pour être noté, c'est bien l'Union européenne et pas la Suède que reçoit la Corée du Nord, comme l'atteste l'absence de tout drapeau suédois à l'aéroport ou sur les routes, au profit de la bannière étoilée bleue, ou le fait que l'hymne accueillant Göran Personn à Pyongyang ait été celui des Quinze. En Corée du Nord, ces symboles comptent: six mois après l'accueil exceptionnel accordé à Madeleine Albright, c'est sur l'Europe que Kim Jong-il fait aujourd'hui porter ses efforts diplomatiques dans sa quête d'une planche de salut. Alors que Washington achève la «réévaluation» de sa politique vis-à-vis de la Corée, Pyongyang peut montrer ain