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Libération

A Alger, la rue conspue le pouvoir.

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Manifestation pacifique contre la répression en Kabylie.
publié le 4 mai 2001 à 0h46

Pour la première fois depuis plusieurs années, Alger a renoué avec les grandes manifestations et les trottoirs bondés de ceux qui les regardent passer. Ils étaient entre 20 000 et 30 000 ­ 10 000 selon la police ­ à défiler, hier, dans la capitale algérienne pour protester contre «la répression en Kabylie», à l'appel du Front des forces socialistes (FFS, opposition).

Police discrète. Regroupant en grande majorité des jeunes, beaucoup de femmes, des familles, cette «marche pacifique» a traversé le centre de la ville, de la place du 1er-Mai à la place des Martyrs, sous le regard de forces de sécurité aussi bon enfant que nombreuses. L'impressionnant dispositif policier déployé dans la matinée s'est montré plus discret au cours de la marche. La police antiémeute s'est alors installée dans les rues avoisinantes, laissant la police de ville canaliser seule le défilé.

«Généraux assassins», «le pouvoir y en a marre», «pouvoir assassin», «Bouteflika, Ouyahia [le ministre de la Justice], gouvernement terroriste», «Bouteflika rentre chez toi», «non à la politique des armes», ont scandé les manifestants tout au long d'un cortège de plus d'un kilomètre. «Ulac Smah» ­ «pas de pardon» (pour la répression en Kabylie) ­, ont-ils clamé à perte de voix en tamazight, la langue berbère dont ils réclament la reconnaissance. Nombre d'entre eux portaient, dans les mains ou autour de la tête, un bandeau noir, signe de deuil. «Députés, combien coûtez-vous?» ont-ils crié en arrivant devant l'Assemblée