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Libération
Interview

«La papauté perçue comme agressive»

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François Thual, spécialiste de l'orthodoxie :
publié le 4 mai 2001 à 0h46
(mis à jour le 4 mai 2001 à 0h46)

Spécialiste de l'orthodoxie, auteur de Géopolitique de l'orthodoxie, François Thual, professeur à l'Ecole pratique des hautes études, explique les enjeux de la visite de Jean Paul II en Grèce.

Pourquoi ce voyage suscite-t-il des manifestations hostiles?

La papauté est considérée comme hérétique par la théologie orthodoxe et perçue comme une force agressive. Cette fantasmagorie collective se nourrit aussi bien de faits historiques anciens, comme le pillage de Constantinople par les croisés, que de plus récents. Les Italiens avaient occupé, après les guerres balkaniques du début du siècle, les îles du Dodécanèse et ils tentèrent alors de convertir au catholicisme ces terres orthodoxes depuis l'Antiquité. Même aujourd'hui, dans une Grèce démocratique et intégrée dans l'Union européenne, le fait d'être catholique interdit certaines fonctions d'autorité au sein de l'Etat, notamment dans l'armée ou la diplomatie. L'Eglise orthodoxe s'est opposée à la suppression de la mention de la religion sur la carte d'identité, finalement imposée par le gouvernement socialiste de Costas Simitis. Il y a une équation identitaire bien ancrée: un Grec est orthodoxe. L'Eglise a été l'expression de la nation tout au long d'une histoire tragique, trois siècles de domination ottomane, des gouvernements nationalistes après l'indépendance, l'occupation nazie, la guerre civile, la dictature des colonels. Cela fait à peine trente ans que la Grèce est vraiment devenue une démocratie, mais le