Tel-Aviv, Gaza envoyé spécial
Les guerres toujours ont leurs arrières, rêves des soldats au front, havres d'une paix oubliée. Une ville, un quartier, une rue peuvent faire l'affaire. Un simple bar, parfois, lucarne ouverte sur le réel. Le vrai repos du combattant, c'est d'épier la vie qui, sans lui, se poursuit. Jonathan a choisi avec soin son poste d'observation. Une table retirée à la terrasse du café Kazé. Le soleil, à l'aplomb, darde sans mollir. La jeunesse branchée de Tel-Aviv conflue vers ses chocolats frappés. Regards coulés sur les nombrils percés des actrices du théâtre Habima, sur les jupes raccourcies des auxiliaires féminines de l'armée de l'air. Les treillis abondent sur les trottoirs du cours Sheinkin, portés négligemment par des garçons aux poses étudiées, les yeux masqués de verres fumés, un tympan greffé à l'oreillette de leur téléphone portable. «Des ordonnances d'état-major.» Jonathan sourit. Le permissionnaire s'amuse au spectacle de ces hallebardiers d'opérette. Tout juste sorti d'une période de service à Gaza, sur l'un des points de friction les plus chauds de la bande, il n'a eu de cesse de troquer l'uniforme pour une chemisette balnéaire.
Harcèlement permanent
«Objectif numéro un, respirer, sentir le vent sur ma peau.» Luxe ultime pour le jeune lieutenant après trois semaines d'enfermement total, calfeutré dans une tourelle en béton sous les salves des francs-tireurs palestiniens. Ambiance pesante. Atmosphère étouffante. «En alerte, toujours, sans pouvo