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Libération

Chasse aux Tchétchènes dans un village russe

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Une soirée a dégénéré en traque antiréfugiés perpétrée par des Cosaques.
publié le 7 mai 2001 à 0h47

Bogoroditskoïé

envoyée spéciale

Que faire le samedi soir et les jours de fête quand on a 20 ans dans un petit village comme celui de Bogoroditskoïé, à mi-distance entre les deux grandes villes du Sud russe, Rostov-sur-le-Don et Stavropol, mais à l'écart des voies de communication? Dans ce bourg de 2 200 âmes qui semble s'être arrêté à l'heure soviétique avec son parc des enfants, son monument aux morts de la grande guerre patriotique, sa statue de Lénine et sa ferme collective, seule employeuse locale, le choix est réduit.

On va au Disco, une salle rococo aux dorures flamboyantes et aux lourds chandeliers, situé dans la maison de la culture, qui avec le bâtiment de l'administration locale, en face, et l'école sont les seuls immeubles du village. On y va en bande. D'un côté, les jeunes Russes, natifs du village, de l'autre, les jeunes Tchétchènes, nouveaux venus qui ont, guerre oblige, trouvé refuge chez des cousins implantés dans la région depuis vingt ans. Et ce petit monde rivalise d'audace pour gagner les faveurs des jeunes filles, toutes Russes, puisque les jeunes Tchétchènes, qui, même nées là, portent les traditionnelles jupes longues caucasiennes, restent le soir verrouillées chez elles. Alors, les relations se tendent encore entre les deux bandes. Et ce soir du 7 mars, veille de la Journée de la femme, on en vient aux mains. L'affaire aurait pu en rester là. Le samedi soir suivant, le 10 mars, à la nuit tombée, quelques jeunes Tchétchènes poussent d'ailleurs jusqu'au Di