Piacenza envoyée spéciale
«Vous êtes contents de votre vie? Vous en voyez beaucoup, autour de vous, des chances de travailler? De vous enrichir? D'être en sécurité dans vos maisons barricadées?» «Non!!!», répond la petite foule massée devant le palais gothique au centre de Piacenza. Candidat de la Ligue du Nord dans cette bourgade aux confins de l'Emilie-Romagne et de la Lombardie, Massimo Polledi n'a pas besoin de discours sophistiqués pour enflammer son public. Il lui suffit d'évoquer «les travailleurs qui peinent à nourrir leur famille à la sueur de leur front», «ce gouvernement de honte qui a fait un million de pauvres en plus dans le Nord», «ces beaux Messieurs de la gauche et leur tolérance envers les immigrés clandestins». «Nous, crie-t-il, nous ne voulons pas être tolérants! Nous voulons du respect!»
Sur les panneaux de propagande installés par le dérangeant parti d'Umberto Bossi, les thèmes de l'immigration et de l'insécurité sont des leitmotivs inséparables. A côté de faits-divers racontant les crimes commis par des «extracommunautaires», on y apprend qu'«Allah et le Christ sont incompatibles, selon les évêques d'Emilie-Romagne», tandis qu'une affiche donne douze bons conseils «pour défendre ta maison contre ses ennemis».
«Trop d'Europe». Mais cette Ligue, qui sait si bien attiser le sentiment d'invasion qu'ont ses électeurs face à la nouvelle explosion de l'immigration clandestine, n'est-elle pas elle-même une citadelle assiégée? «Le seul problème de Bossi est de sur