Washington de notre correspondant
Lundi, Jeffrey Todd Pierce, un innocent de 39 ans, a retrouvé la liberté après quinze ans derrière les barreaux. Ses deux fils jumeaux de 16 ans, qu'il se réjouissait de rencontrer à Lexington (Oklahoma), ne savaient pas, il y a encore trois semaines, que leur père était emprisonné pour viol. Si Pierce avait plaidé coupable en 1985 ou avait accepté un traitement psychiatrique, il serait dehors depuis longtemps déjà. Mais il a toujours clamé son innocence. Alors, il a écopé de soixante-cinq ans. Jusqu'à ce que la justice de l'Oklahoma, qui a fait procéder il y a quelques semaines à une analyse ADN du sperme et des cheveux conservés depuis le procès, doive se rendre à l'évidence: elle s'est trompée. Et c'est peut-être le début d'un monstrueux scandale. Cet Etat s'apprête en effet à examiner des milliers d'autres cas. Car le FBI a découvert qu'entre 1979 et 1993, la chimiste chargée, au laboratoire médico-légal de la police, d'examiner les cheveux, gouttes de sang ou fibres de tissus laissés sur la scène des crimes, avait l'habitude de trouver des preuves «scientifiques» là où il n'y en avait pas. Poussée par un désir de reconnaissance, Joyce Gilchrist, surnommée «Black Magic» par ses collègues, confortait les soupçons des enquêteurs.
«Cauchemar». Environ 1 700 dossiers qu'elle a traités vont être réexaminés. «On estime entre 200 et 300 le nombre des cas dans lesquels la preuve apportée par cette chimiste a joué un rôle important», dit Ja