Pékin de notre correspondant
Le Dr Hu Yunteng, un éminent juriste chinois, se trouve dans une position que certains jugeraient inconfortable. Personnellement «critique» à l'égard de la peine de mort, il va devoir en justifier et expliquer l'usage massif et aveugle par le gouvernement chinois face à des Européens, qui ont tous aboli chez eux la peine capitale. Ce chercheur chinois, auteur d'une étude approfondie sur ce sujet, préside en effet, depuis vendredi à Pékin, le groupe d'«experts» chinois lors d'une rencontre sur la peine de mort avec une délégation de l'Union européenne, dans le cadre du dialogue Chine-UE sur les droits de l'homme.
Un symposium prévu de longue date, mais qui coïncide avec la campagne Frapper fort, lancée début avril par le gouvernement chinois (Libération des 13 et 23 avril). Celle-ci s'est soldée par plus de 500 exécutions capitales et des centaines d'autres condamnations à mort. Vendredi encore, quatre personnes ont été passées par les armes pour «fraude fiscale». Un tourbillon de mort dans lequel les procédures légales en prennent souvent un sérieux coup. Les Quinze ont envisagé un moment une protestation publique contre cette campagne, abandonnée au profit d'une démarche plus discrète.
Ancrage culturel. Dans une interview accordée à Libération à la veille du dialogue avec l'UE, le Dr Hu a expliqué sa position: il justifie la campagne actuelle tout en se prononçant pour la «disparition pas à pas» de la peine de mort de l'arsenal législatif chinois.