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Libération
Interview

«S'il est élu, c'est une catastrophe».

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publié le 12 mai 2001 à 0h51

«Berlusconi? Berlu? J'ai la berlue, j'hallucine. Vous vous rendez compte que ses supporters le comparent à Mussolini, et que, pour eux, c'est un compliment? S'il est élu, c'est une catastrophe, mais, en même temps, en Italie, on peut voter pour qui? Il y a énormément de gens qui ne se sentent plus représentés par les partis politiques, qu'ils soient de gauche ou de droite. Et, ça, c'est un terrain propice à tous les populistes et à tous les showmen. Si Berlusconi est élu, il aura le contrôle de six chaînes de télé (les trois privées qu'il possède et les trois publiques). Si les politiciens sont aussi les patrons de la télévision, comment peuvent-ils faire des lois pour nous protéger de la télévision? Partout, dans le monde, à Paris, à Barcelone, à Rio, à Mexico, il y a des mômes qui sont des mutants: ils ne sont élevés ni par l'école ni par leurs parents, mais par la télé.

Une télé qui leur dit: "Achète-toi des Nike", et leur montre des meurtres, bien plus de meurtres que dans la vie réelle, même s'ils vivent dans une favela de Rio. Si j'étais politicien, la première chose que je ferais serait de retirer à la télévision l'éducation des gosses. Comme la télé ne respecte rien, les gosses ne respectent rien. Mais si le gouvernement, c'est justement les types qui tiennent ce genre de télé, il y a peu d'espoir que ça change.

Et, en même temps, l'Italie est un pays ultra-activiste. C'est un pays très fort au niveau des contre-pouvoirs, de l'underground. Il y a des gens qui bougent,