Gragnano envoyé spécial
Pas de meeting public ni de débat électoral. Alfredo Vito est un candidat discret, sous la bannière de Silvio Berlusconi. Dans son quartier général de l'hôtel Parco de Gragnano, l'une des capitales des pâtes, au sud de Naples, «l'Honorable» Vito se contente de multiplier les brèves réunions face à des parterres choisis d'une vingtaine de personnes. Devant des conseillers fiscaux, il sert brièvement quelques considérations: «La gauche n'a pas changé, ce sont toujours des communistes», «la situation économique se détériore, vous le savez mieux que moi».
«M. Cent-Mille-Voix». Quelques mains serrées, et le petit homme bronzé aux cheveux gominés disparaît, fidèle à son surnom d'autrefois, «Vito'a Sogliola», c'est-à-dire «Vito la Sole», fuyant comme un poisson. Pourtant, dans cette circonscription de plus de 70 000 électeurs qui regroupe les paradis touristiques de Sorrente ou de Capri et quelques zones ouvrières de la Campanie, le retour de cet ancien baron local de la Démocratie chrétienne n'a échappé à personne. Non loin de l'hôtel Parco, devant le domicile d'un autre ancien satrape méridional de la DC, tombé lui aussi au début des années 90 dans les scandales de pots-de-vin, de vieux militants de gauche rappellent avec dégoût et accablement l'autre surnom d'Alfredo Vito: «M. Cent-Mille-Voix». Un homme qui sur la seule base de ses réseaux clientélistes était capable de rassembler sur son nom de 100 000 à 155 000 suffrages. Il symbolise aujourd'hui la résur