Manille envoyé spécial
Les affiches démesurées des candidats pendues aux gratte-ciel de Manille, et les meetings à l'américaine où se conjuguent professions de foi et messes catholiques font traditionnellement partie du paysage électoral aux Philippines. Les assassinats de candidats et de militants, les attaques à la grenade contre des bureaux de vote ou encore les fraudes électorales relèvent aussi d'une certaine normalité. En l'espace de trois mois, 83 personnes ont été assassinées, dont encore un député dimanche dernier. «Tout ça n'a rien d'exceptionnel», minimisait le porte-parole de la présidente Gloria Arroyo, hier soir, à l'issue des élections sénatoriales, législatives, provinciales et municipales, dont les résultats complets et officiels ne seront pas connus avant plusieurs jours.
Fureur. Jamais pourtant une campagne électorale n'avait été aussi sanglante dans la jeune démocratie philippine. Et même si le vote d'hier fut calme avec une participation de plus de 85%, il n'a pas dissipé le climat politique et social délétère qui enveloppe le pays depuis plusieurs mois. Entre octobre et fin avril, les 76 millions de Philippins ont vu leur président Joseph Estrada traîné devant un tribunal pour corruption, puis être renversé, destitué, arrêté et emprisonné. Avant que sa remplaçante, Gloria Arroyo, ait à affronter le 1er mai la fureur des partisans de l'ancien chef de l'Etat lors d'une nuit d'émeutes sanglantes aux portes du palais présidentiel. Elle avait été catapulté